Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021, Clara Dupont-Monod, Prix Femina et Goncourt des lycéens 2021, François-Henri Désérable, Grand Prix du roman de l’Académie française 2021, Karine Tuil, Prix interallié et Goncourt des lycéens 2020, Erik Orsenna et Jean-Christophe Rufin (respectivement Goncourt 1988 et 2001), mais aussi Abd Al Malik, François Berléand, Clotilde Courau, Jean de Loisy, Maria Pourchet, Olivia Ruiz, Marie Modiano, Maylis de Kerangal, Lilia Hassaine ou Mathias Malzieu… À l’invitation du Point, du CNL, du Centre culturel hellénique et des Beaux-Arts, ce vendredi 21 janvier, ils se succéderont pendant six heures, à partir de 18 heures, sur la scène du très épique auditorium de la prestigieuse école pour lire à voix haute, en aèdes du XXIe siècle, les grands épisodes de L’Odyssée d’Homère.

Accès libre sur réservation

Cette performance unique, accessible au public (réservation gratuite mais impérative ici), aura lieu dans le cadre des Nuits de la lecture, déclarées « grande cause nationale » parmi 5 000 événements déployés partout en France. Filmée, elle servira de support éducatif à tous les enseignants qui voudraient montrer à leur jeune public combien L’Odyssée, conçu pour être transmis oralement, s’adresse encore à nous. Car il sera lu dans la toute nouvelle et ultratonique traduction d’Emmanuel Lascoux (disponible chez P.O.L), qui rend parfaitement le « parler-chanter », dit-il, du « seul livre qui n’est pas seulement un livre parce qu’il continue à nous parler à haute voix ». L’helléniste et musicien Lascoux, qui “performera” à cette occasion une partie du texte, aime rappeler combien, pour des jeunes d’aujourd’hui, habitués à danser sur des musiques composées selon des boucles, comme la techno ou le rap, Homère peut être familier, L’Odyssée étant lui aussi composé d’une série de boucles. Homère, DJ narratif ?

Très attendu, ce marathon verbal sera aussi l’occasion ou jamais de saisir combien L’Odyssée, c’est du brutal, comme on dit dans Les Tontons flingueurs, mais comme combien cette épopée repose aussi sur la douceur et l’ouverture à l’autre, dieu comme étranger : immortelles caresses de Calypso et générosité de l’accueil selon la princesse Nausicaa. En effet, si L’Odyssée, qui se déroule après L’Iliade, raconte encore malheureusement la guerre (contre les cyclopes ou les prétendants qui convoitent votre trône, votre femme, sadisent votre fils…), il est aussi un formidable shoot de merveilleux à travers les apparitions d’Athéna ou les sortilèges de Circé. Mais L’Odyssée, c’est aussi de la politique, de l’aventure, du sexe, de la vengeance et de l’amour : bref, une école de la vie et de compréhension du monde.

D’ailleurs, ce texte conçu pour l’oralité, qui n’a pas été fixé par écrit avant le VIe siècle avant notre ère, l’une des plus grandes et des plus belles créations de l’humanité (car on ne sait toujours pas qui était au juste ce fameux « Homère »), ne cesse de faire écho avec nos préoccupations actuelles. Et si les Gafam étaient les nouvelles sirènes, nous promettant la connaissance infinie mais prenant, derrière nos données, notre vie ? L’Odyssée, beaucoup l’ont lu, mais peu l’ont entendu. Vous pourrez dire que vous y étiez.

« Marathon de lecture de L’Odyssée d’Homère », 21 janvier. École nationale des beaux-arts. En accès libre sur réservation ici.

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