Poursuivant le tournant écologique donné à son écriture depuis 2022, après s’être immergée dans les forêts avec Αγρίμι (Fauve), la chorégraphe Lenio Kaklea lève les yeux au ciel. Mais Les oiseaux n’idéalise nullement ces êtres aériens. Plutôt, le septet accompagné d’un volatile non-­vivant, décentre notre regard bien trop humain. Depuis les ballets jusqu’aux mouvements post-modernes, la danse a noué avec l’oiseau une histoire d’affinité. Mais que serait une œuvre chorégraphique qui, à la place d’envisager le volatile comme objet d’étude ou d’inspiration, prend leur point de vue ? C’est la question que Lenio Kaklea s’est posée en observant de près leurs mœurs et stratégies sans jamais les romantiser. Pour être vues et entendues, les parades nuptiales spectaculaires des uns font écho aux mécanismes de défense territoriale des autres, quand la vision surplombante des rapaces assoit contrôle et domination. Sept interprètes et un objet volant se fondent ainsi dans le répertoire de ces animaux pour mieux l’hybrider. Motifs rythmiques complexes, circulations, sensations proches du vol et négociations de l’espace font apparaître une étrangeté : ces corps sont-ils semi-humains ou semi-oiseaux ? À l’image des espèces qui migrent en franchissant toutes les frontières, sur fond de chants recueillis dans une île habitée uniquement par des oiseaux, le groupe nous pousse, êtres humains, à nous intéresser à autre chose qu’à nous-même.

Chaillot – Théâtre national de la Danse
20 – 22 novembre
Musée de l’Orangerie
24 novembre

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